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La forêt fortifiée de Villey Saint Etienne

La révolution de l'artillerie en 1885 oblige le haut commandement à revoir le dispositif existant en modernisant lesouvrages et en créant un nouveau " Centre de Résistance " au nord - est du camp retranché de Toul. En Juillet 1887 est décidée la naissance de la future organisation défensive de la forêt de Villey-Saint-Etienne. 

Dans un 1er temps, 2 ouvrages sont constuits à la lisière nord du bois du Vieux Canton, à l'est pour ouvrir la vallée de la Moselle et la voie ferrée et, à l'ouest, à proximité de la route deDieulouard, pour contrôler le trafic en provenance de l'Allemagne.

L'ouvrage Est va constituer le 1er pivot de ce nouveau secteur défensif. Le casernement, bien défilé, dispose d'une façade construite en moellons et peut accueillir une centaine d'hommes. La batterie, sur léger monticule, est modernisée en 1892 avec un mur de contrescarpe et une substruction en béton spécial dans laquelle on installe une tourelle à éclipse dotée de 2 canons de 57 mm. Cette tourelle expérimentale, construite à 4 exemplaires, annonce sa grande soeur avec ses canons de 75 mm . 

En 1905, on améliore l'ouvrage Est en construisant un couloir d'accès souterrain en béton armé entre le casernement et la tourelle puis, en 1913, un observatoire cuirassé accessible depuis la galerie. Cette tourelle sera équipée de 2 canons de 75 mm en 1909.

La Haute Commission des places fortes décide de moderniser le système défensif dit " Séré de Rivières ", notamment dans le secteur neuf de Villey Saint Etienne.

Des abris en béton, pour les fantassins et les artilleurs, parfois surmontés d'un parapet de tir, sont construits. L'abri n°2 ( voir photo ci dessous ), construit à 300 m en arrière de l'ouvrage Est est typique de ce modèle. Il peut accueillier une compagnie dans 4 casemates protégées par un mur dit " de masque " et comportant des latrines et un point d'eau. 

La dernière génération d'abris verra quelques aménagements : ils sont plus proches de la ligne de défense, mieux défilés, prévus pour une demi-compagnie ; l'aménagement intérieur intègre quelques améliorations pour les fantassins ; les lits remplacent les bancs et l' installation d'un fourneau de campagne permet de préparer des repas chauds. 

L'abri de la Nibarde ( voir photo ci dessous ) défend une dépression en contre-bas du fort, en s'appuyant sur des tranchées à masques.

Dans le Vallon où coule le ruisseau dit " du Mauvais Lieu " ( voir photo ) , à proximité de la batterie n°2 et du chemin stratégique, on construit, en 1907, un abri en béton armé surmonté d'un parapet pour mitrailleuses. Cet abri est équipé d'une cuisine, d'un poste de télégraphe et de latrines à l'intérieur. 

En 1910, l'ouvrage du Bas-du-Chêne ( voir photo ), situé entre le fort et l'ouvrage du Mordant, intègre un nouvel aménagement qui en fait un véritable abri de combat. Le parapet en béton permet une défense sur environ 180 °. Il est doté d'une guérite-observatoire avec sa porte blindée. 

L'ouvrage du Mordant est prévu dès 1906 alors que commence la construction du fort. Pour renforcer la ligne de défense entre les forts de Villey Saint Etienne, Villey le sec et Gondreville, on innove avec cette fortification à profil triangulaire, sans fossé, mais dotée d'un mur de contrescarpe. Au centre du dispositif, on aménage un casernement en béton avec tourelle de 75 mm, mitrailleuse et observatoire. Une casemate de Bourges protège l'arrière du casernement.

Dès 1900, le général gourveneur de la place de Toul avait préconisé la construction d'un fort sur le point haut du bois de Vieux-Canton. Fruit d'une longue évolution, ce fort érigé de 1906 à 1910, va constituer l'exemple type de la fortification moderne à la veille de la Première Guerre Mondiale. L'ouvrage, en forme de trapèze, est bien défilé et entièrement en béton armé. L'escarpe est en terre coulante à l'exception e la façade de gorge. Les fossés sont défendus par 2 coffres simples ( voir photo ) et un coffre double encastrés dans le mur de contrescarpe et reliés par une gaine mais aussi par un réseau de couloirs souterrains. Sur les dessus, facile d'accès, des parapets avec masques complètent les 2 tourelles de 75 mm et les 2 tourelles de mitrailleuses. Le fort, avec sagarnison de 300 hommes, est autonome puisque doté d'une boulangerie et d'une usine électrique. Des grilles défensives et un réseau de barbelés viennent renforcer sa défense.

Propriété de la commune, le fort et une dizaine d'ouvrages font l'objet, depuis l'an 2000 , de soins attentifs par les élus et les bénévoles. La mise en sécurité, l'entretien et la réhabilitation de ce patrimoine constituent un pari digne de la qualité et de l'originalité de  ce véritable " conservatoire national de la fortification " au début du XXème siècle. Dans son écrin naturel, un sentier balisé permet de découvrir le patrimoine miitaire, mais aussi l'évolution sylvicole, les richesses de la faune et de la flore sous la protection des charmes de la " Gôniche ".

Vous trouverez le plan du circuit pédestre  ( " sous les charmes du vieux canton " )  ainsi que les coordonnées de l'association AIR et EAU  ( qui vous propose une visite guidée des ouvrages ), sous l'onglet " visite guidée ".

Source : ETUDES TOULOISES N°141, " la forêt fortifiée de Villey Saint Etienne ", par Jean Pierre  Couteau.

 

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